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Fabien Choiseau, de Lactalis : « Accompagner les producteurs autour de nos usines »

Fabien Choiseau est directeur des approvisionnements Lait France de Lactalis. A ce titre, il pilote la rupture de contrats des 273 exploitations conventionnelles et biologiques de l’est de la France et du sud de la Loire, relative au plan de réduction de collecte du groupe. A cela s’ajoutent 28 exploitations bios bretonnes.

Aux yeux de Lactalis, la rupture du contrat de 273 exploitations reste à ce jour la meilleure solution pour réduire ses excédents laitiers. Le groupe veut renforcer sa relation avec les producteurs proches de ses 69 usines.

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Lactalis veut se séparer de 450 Ml, dont 160 Ml avant le 31 juillet 2026, par la rupture de contrats de producteurs. Votre groupe juge-t-il que les conditions ne sont plus réunies en France pour être compé­titif sur les marchés internationaux ?

Fabien Choiseau : La France reste le premier pays de Lactalis. Le groupe y a investi 195 M€ en 2024 dans la décarbonation des sites et de nouveaux ateliers. Nous sommes le premier acheteur de la ferme laitière française et nous le resterons. C’est important de le dire. Nous sommes également le plus grand collecteur d’excédents qui pèsent pour 30 % dans notre mix-produit. Ils sont principalement valorisés en poudre de lait, dont le marché est déprécié et sans perspectives d’amélioration. Cela limite notre capacité à mieux rémunérer les producteurs. Or ces derniers acceptent moins aujourd’hui les écarts de prix entre les opérateurs français.

Nous sommes souvent comparés à ceux qui ont moins ou pas d’excédents dans leur mix-produit. En revanche, si on regarde le prix du lait valorisé sur la partie des PGC France, nous sommes dans le marché.

L’entreprise a pris en charge, début 2024, l’intégralité des variations de prix sur les marchés internationaux mais elle ne peut pas le faire indéfiniment. Le groupe a donc annoncé, il y a un an, sa volonté de réduire ses excédents et le recentrage de ses activités sur les PGC France. Cela s’est concrétisé, lors de la médiation d’avril 2024 avec l’Unell [Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis], par une progression du pourcentage du prix de revient dans la partie des PGC France (35 %, contre 25 % auparavant). Il n’est absolument pas question d’abandonner la fabrication d’ingrédients en France, mais d’en faire moins. Elle représente 70% des ingrédients uropéens de Lactalis (1).

Quand le mix-produit de Lactalis traduira-t-il les 160 Ml en moins dans sa collecte ?

F.C. : Il faut d’abord qu’ils ne soient plus collectés. L’évolution du mix-produit sera alors authentifiée par un organisme tiers, comme cela est fait régulièrement. C’est ce qui est prévu dans le contrat-cadre avec l’Unell.

Une partie des producteurs concernés par la rupture de contrat sont en échange de collecte avec un autre industriel. L’enquête de la Répression des fraudes sur ce sujet a-t-elle pesé dans la décision de Lactalis ?

F.C. : Non, il n’y a pas de relation. 20 % de nos 4,9 milliards de litres sont en partage pour comptes sur l’ensemble de nos zones. Les deux zones touchées par les ruptures de contrats, là où la densité de collecte est plus faible, sont également concernées par des échanges, mais pas uniquement.

Les quelques discussions avec l’Unell sur des solutions ne nous convenaient pas. Nous avons fait le choix de nous séparer d’un certain nombre de producteurs, en faisant en sorte de bien les accompagner dans la recherche de solutions. L’évolution de la situation nous donne raison : chaque producteur a au moins une solution proposée. Il pourra poursuivre son développement chez un autre opérateur. C’est l’essentiel.

Quels sont, pour les prochaines années, les besoins de collecte de Lactalis ?

F.C. : Le groupe est intéressé par une production laitière au plus proche de ses 69 usines. C’est là qu’il souhaite avoir le lait. Sa volonté est d’accompagner les ateliers les plus compé­titifs, capables de produire un lait de qualité et d’absorber les variations de marché. La dynamique laitière est forte. Lactalis France observe beaucoup de projets de développement. Il accorde de l’importance à renforcer le lien avec ses livreurs. Dans ce but, des visites d’usines vont être proposées. Cela débute en mars par les sites de Vallet et Bouvron, en Loire-Atlantique, et de Rodez, en Aveyron.

La réduction de l’empreinte carbone des exploitations est-elle prise en compte pour leur ­compétitivité ?

F.C. : L’Unell et Lactalis se sont accordés sur une prime RSE d’au maximum 4,50 €/1 000 l à partir du 1er mars. Elle se décline en trois volets : la décarbonation, le bien-être animal et la biodiversité. Les conditions d’accès viennent d’être validées avec l’Unell et seront dévoilées prochainement. Un projet pilote avec 200 exploitations démarre aussi avec un de nos clients majeurs en B to B.

(1) L'interview parue dans la parution imprimée de mars 2025 de L'éleveur Laitier mentionne qu'en Europe, les seuls sites d'ingrédients de Lactalis sont français. Cette indication de Lactalis était érronée. 

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